idée-s

Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
publiées sur
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jeu

jeudi 06 mai 2010  -> Ecrire

par principe

Le plus souvent, ceux qui brandissent le principe de précaution prennent en réalité des précautions sans principes. Ils ouvrent un parapluie pour se protéger d’une éventuelle averse de responsabilités, sans se soucier des dégâts que peut provo- quer cette ouverture de parapluie. Et dès que la vie humaine n’est plus en jeu de façon visible, le fameux principe de précaution disparaît dans les limbes. Le meilleur exemple est bien sûr la finance. Dans les délires de ces dernières années, il y avait bien le risque de « la réalisation d’un dommage », réalisation «incertaine en l’état des connaissances scientifiques» mais néanmoins susceptible d’« affecter de manière grave et irréversible l’environnement » économique. Et pourtant, les autorités publiques n’ont pas veillé, « par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques ».
Jean Marc Vittori – Les Echos 26/4/2010 p.14

jeudi 29 avril 2010  -> Ecrire

propriété

Il est urgent de se rappeler une évidence, connue de tous les philosophes depuis l’Antiquité, et que nous aimons tant oublier : notre vie ne nous appartient pas, elle est la propriété de tous ceux, innombrables, qui décident de notre emploi du temps, parce qu’ils ont un pouvoir affectif, économique, social ou politique, sur nous. En nous obligeant pour un instant à ne pas leur obéir, le nuage volcanique aura rendu un grand service à beaucoup de ces esclaves du temps que nous sommes devenus. Il leur aura permis de prendre conscience de l’importance de la rébellion contre ces maîtres.
Jacques Attali – L’Express n°3068 – Avril 2010 – Perspectives p. 146

jeudi 22 avril 2010  -> Ecrire

Obsolètes

Commençons par le constat : un certain nombre de dispositions des textes réglementaires pris pour régir cet espace de confiance sont aujourd’hui obsolètes, soit difficiles d’application. C’est le cas des décrets “confidentialité” et “agrément des hébergeurs”. Les pouvoirs publics doivent tirer les enseignements de cette situation. Avant de produire de nouveaux textes, l’Etat doit se doter d’une véritable doctrine en matière de sécurité des systèmes d’information de santé, dont les textes seront la traduction après recueil du consensus des acteurs.

Michel Gagneux – Président ASIP Santé – Informatisation : Une question de confiance – Revue CNOM n°10 mars-avril 2010 – p.26

jeudi 15 avril 2010  -> Ecrire

Rares ponts

En écartant les médecins de la gestion des pôles au profit des seuls directeurs, la nouvelle loi détruit, de fait, les rares ponts édifiés entre gestionnaires et soignants. Surtout, souligne Frédéric Pierru [1], l’hôpital ploie sous des injonctions contradictoires : “On lui demande plus de souplesse, de management, de gestion, et on le prive d’autonomie. On l’enjoint d’accepter les règles du libéralisme, et on centralise les pouvoirs.” Ironie de la modernité.
Marie Huret et Julie Joly et… L’Express – 4/02/2010 p. 71
[1]chercheur à l’institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales Paris Dauphine

jeudi 08 avril 2010  -> Ecrire

insécurité

La question qui hante, qui devrait hanter toute démocratie, pourrait être la suivante : comment être sûr que les mesures de sécurité qui sont prises pour répondre aux présupposées peurs des citoyens ne portent pas en elles une insécurité plus grave encore que celles qu’elles prétendent combattre ?

Marc Crépon – La Culture de la peur – Ed. Galilée – 10/2008

jeudi 01 avril 2010  -> Ecrire

Premier
Poisson Lune (Mola Mola)

Poisson Lune (Mola Mola)

jeudi 25 mars 2010  -> Ecrire

Mémoire

Sur Internet, tout est gardé, stocké, et peut ressurgir. Si l’on veut faire du Web un espace de citoyenneté, d’éducation, de débat d’idée, il faut régler cette histoire de droit à l’oubli, arrêter cette atteinte massive à la vie privée. Les citoyens doivent pouvoir être maîtres de leur expression sur Internet, avoir le droit de changer, ça fonctionne aussi sur la base de l’anonymat. On rejoint d’ailleurs la notion de construction d’une société : on ne peut avancer en paix que si l’on organise intelligemment sa mémoire…
Emmanuel Hoog – Interview TGV magazine mars 2010 p.81

jeudi 18 mars 2010  -> Ecrire

Sans illusion

C’est vrai – mais la population des jeunes cadres, où les filles sont désormais majoritaires, n’est-elle pas la pépinière des dirigeants de demain ? Tout se passe comme si les filles, nourrissant peu d’illusions sur l’application spontanée du principe « à qualification égale, salaire égal », avaient résolu de franchir l’obstacle sociologique par un bond qualitatif.
Les philosophes verront peut-être là un effet de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave – ce dernier tirant son énergie du désir d’inverser le rapport de forces. En tout cas, moins médiatique que la revendication féministe, le simple jeu des générations semble bien préparer, sinon un basculement, du moins un rééquilibrage du pouvoir.
Favilla, Les Echos – 4/3/2010 p. 14

jeudi 11 mars 2010  -> Ecrire

Responsable ?

Comme d’autres mesures liées à la surveillance et à la sécurité, les scanners [corporels dans les aéroports] témoignent de cette tendance à remplacer le jugement par un impératif de responsabilité anonyme justifiée par des “évidences” supposées. N’était-ce pas du jugement et de l’appréciation des responsables policiers que dépendait notre sécurité ? Ne leur incombait-il pas de soupeser les informations que la technologie leur fournit au nom de l’intérêt public ? Quand nous renonçons à notre responsabilité et que nous nous retranchons derrière la (fausse) promesse d’une technologie “qui voit tout”, nous devenons toujours plus aveugles aux défis qui se posent aujourd’hui à nous en tant que civilisation.
José Ramón Ubieto, La Vanguardia, Barcelone – cité dans COURRIER INTERNATIONAL N° 1008 p.29 – Mars 2010

jeudi 04 mars 2010  -> Ecrire

Capital Chance

Ce ne sont pas les objets qui font la valeur d’une existence humaine, mais les relations que nous tissons entre nous. Dès lors, ce qu’il s’agit de « développer », dans les sociétés du Nord comme du Sud, c’est la qualité des réseaux sociaux, du tissu humain sans lequel il n’y pas d’existence humaine digne. Les objets marchands, alors, ne sont plus que des instruments en vue de l’épanouissement des relations que nous nouons grâce à eux. C’est évident à propos du téléphone, d’Internet et des nouvelles technologies de communication : si je suis seul au monde à posséder un téléphone, il n’a aucune valeur. Si nous sommes six milliards… Mais cela vaut, en réalité, pour le plus grand nombre des biens que nous manipulons, hormis une petite catégorie de « biens primaires » – biens de survie dont, il est vrai, une part non négligeable de l’humanité demeure privée encore aujourd’hui. Cela suppose de repenser de fond en comble ce que les économistes ont coutume d’appeler la « théorie de la valeur ». Immense chantier à la fois théorique, anthropologique, éthique, qui suppose, au plus profond, d’oser croire que la relation aux autres n’est pas un risque (dont la marchandisation de tout rapport humain ferait disparaître la dangerosité grâce au miracle de la « main invisible »), mais une chance.
Gaël Giraud et Cécile Renouard – Les Etudes n°4121 p.25 – jan. 2010

jeudi 25 février 2010  -> Ecrire

Usée

Finalement, notre système dans son ensemble se fragilise d’année en année. L’époque où le “vivre ensemble” se fondait sur l’existence de règles communes, sur des autorités de proximité les faisant respecter, et sur des citoyens qui les connaissaient et y adhéraient semblent révolue. Les espérances collectives ont cédé la place aux inquiétudes collectives et aux émotions médiatiques. Notre société gère son angoisse par une décharge d’agressivité là où nous attendions un regain de solidarité. J’en veux pour preuve la généralisation et la banalisation des faits de violence, à l’école, en famille, dans les hôpitaux, envers la police. Les grandes équations qui permettaient le consensus au sein de notre société semblent marquées d’obsolescence : un diplôme ne garantit plus un travail, une intervention étatique ne garantit plus la correction ou la suppression d’une injustice. Notre société en quête de sens se révèle aujourd’hui plus usée psychologiquement que physiquement.
Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République – Edito Rapport 2010

jeudi 18 février 2010  -> Ecrire

Anonymat

L’individualisme exacerbé de nos sociétés conduirait non pas à l’affirmation douloureuse de la plus grande singularité contre la norme (et que la mode met en scène), mais à l’anonymat, au retrait de toute identité.
Depuis les Romains, nous avons le droit d’être une « personne », c’est-à-dire de porter un masque qui à la fois dévoile et protège notre identité. L’hyperindividualisme propose le voile, le cache, le rideau : la possibilité de vivre en choisissant le regard des autres. Un choix bien plus troublant que tous les communautarismes.

François Ewald – Les Echos – 2/2/2010 p.17