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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
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jeudi 11 février 2010  -> Ecrire

Métamorphose

L’idée de métamorphose, plus riche que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose, comment changer de voie ? Mais s’il semble possible d’en corriger certains maux, il est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux désastres. Et pourtant l’Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains.
Edgar Morin – LE MONDE – 09.01.10

jeudi 04 février 2010  -> Ecrire

Collectif

Edison n’a pas inventé la lampe, il l’a perfectionnée jusqu’à en faire un produit industriel.
La dernière règle de l’innovation c’est le travail collectif, mêlant toutes les compétences, de la conception à la production et la vente. Les innovateurs ne cherchent pas, ils mettent la connaissance, et les trouvailles des autres, au service de leur propre enrichissement et accessoirement de celui de la société, souvent au détriment des puissances établies. La France, qui s’interroge sans cesse sur sa compétitivité sans savoir que faire, devrait en prendre de la graine. Dans un monde qui change, la richesse des nations ne vient pas de leur talent scientifique, mais de leur capacité à innover.
Philippe Escande – Editorial – Les Echos 28/1/2010 p.14

jeudi 28 janvier 2010  -> Ecrire

Lien

La confiance entre les êtres humains surgit à partir du moment où l’on s’efforce d’habiter et de séjourner dans un lieu de transit, dans l’espace du va-et-vient de la rencontre. Certes, elle ne peut se développer que dans un monde intelligible, dans un réseau de significations fondatrices – l’expérience faite pendant l’enfance d’un point d’appui, de l’amour des parents. Mais elle ne peut survivre que lorsqu’on accepte que chaque personne ait ses zones d’ombre et ses faiblesses. La confiance naît du lien – les tout premiers liens, les liens avec les parents et les proches. Mais sa véritable force réside dans le fait que, même si elle demeure à jamais fragile, elle engendre toujours du lien.
Michela Marzano – Les Etudes n°4121 – p.63 – 2010

jeudi 21 janvier 2010  -> Ecrire

Objet et page

Mais la solidarité entre matérialité du support et geste de mise en forme se défait avec les médias informatisés. La page est sans cesse décomposée et recomposée. L’inscription n’existe plus en tant qu’objet plastique manipulé par l’homme, elle ne se survit que comme signe de cette matérialité. Elle a quitté la surface lisible du support, désormais, comme on l’a vu, incarnée par le trompe-l’œil, pour gagner le code invisible de la machine. L’organisation de la page est désormais quelque chose comme un événement, doté d’une temporalité étrangement complexe. De la permanence du code, le programme tire sans cesse des objets fugaces, leurres mimétiques de productions matérielles, que rend crédibles dans le présent leur lien secret avec la temporalité longue du lisible.
Ceci n’est pas une page, ceci n’est pas un site – Yves Jeanneret, CELSA, université de Paris-IV – Media 03/2006 p.92

jeudi 14 janvier 2010  -> Ecrire

Séquence à traiter

En matière de sécurité, où faut-il placer la barre ? A ceux qui voient dans le renforcement des mesures de précaution une menace pour les libertés, on peut répondre que le renoncement à un déplacement en avion représente une privation de liberté plus grave que l’obligation de se soumettre à un examen au scanner. Quelles que soient les solutions finalement adoptées, la meilleure résistance à opposer à la stratégie terroriste de névrose collective consiste à dépassionner le débat. Un attentat, manqué ou réussi, entraîne une séquence désormais prévisible : médiatisation, réaction sécuritaire (ou parfois surréaction) des autorités, mise en cause (réelle ou imaginaire) des libertés.
Pour éviter cet enchaînement politiquement déstabilisant, il faudrait traiter la question de la sécurité de façon plus technique, moins idéologique et moins déclamatoire.
Favilla – Les Echos – 6/1/2010 – p.14

jeudi 07 janvier 2010  -> Lire…

Tâche immense

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir. Devant un monde menacé de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d’établir pour toujours les royaumes de la mort, elle sait qu’elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d’alliance.
Albert Camus – Discours du prix Nobel de littérature 10 dec. 1957 et Discours de Suède, collection folio, éd. Gallimard, 1958 (1997 avec une postface de Carl Gustav Bjurström)

jeudi 31 décembre 2009  -> Commentaires fermés sur 2010

2010

Bonne année 2010

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Avenir

Le futur inquiète, le présent nous échappe, tournons nous vers l’Histoire ! […]
On se féliciterait d’un attachement si vertueux à cette belle discipline si on la pensait au service du présent et de l’avenir : on serait pleinement convaincu du bien-fondé de cette omniprésence si elle nous aidait à plonger dans l’avenir sans crainte de se mouiller. Mais cette Histoire qu’on brandit à tout bout de champ et dont on parsème les plus lyriques discours n’est qu’un réservoir à postures.

Jean-Michel Bretonnier – La Voix du Nord – 27/12/2009 – p.29

jeudi 24 décembre 2009  -> Ecrire

Définition

« Selon vous quelle serait la définition de la philosophie ? »
Plus simplement, plus sobrement, plus platement, j’y verrais un effort pour penser de façon claire. Un effort, aussi, pour élucider ce que l’on peut vraiment dire quand on dit quelque chose. Pour tirer au clair, aussi, quelles sont les conséquences logiques, parfois très concrètes, de choix intellectuels plus ou moins conscients. Car les idées ont des conséquences.

Rémi Brague – Interview p. 636 – Les Etudes Déc. 2009

jeudi 17 décembre 2009  -> Ecrire

Bavardage

Nous sommes désormais dans une civilisation de l’écrit, mais chacun a toujours besoin de l’oralité pour prendre sa place dans le monde. Seulement, il me semble que nous bavardons beaucoup, c’est fou ce que l’on parle de soi, ce qu’on s’exprime sur soi ! En revanche, peut-être ne savons-nous poser de questions, écouter comment l’autre nous fait signe par sa parole et sa voix. Nous pratiquons une oralité un peu sourde.

Arlette Farge – Essai pour une histoire des voix au 18e siècle – Ed. Bayard – Interview Télérama n°3127

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Silence

La voix du roi est absente. Le pouvoir absolu est secret et silencieux. Tout l’inverse d’aujourd’hui, où incarner un pouvoir, c’est parler tout le temps et de façon de plus en plus familière.
Arlette Farge – Essai pour une histoire des voix au 18e siècle – Ed. Bayard – Interview Télérama n°3127

jeudi 10 décembre 2009  -> Ecrire

capital social

Les circuits par lesquels s’exprime la solidarité ont une influence sur la nature du lien social. Qu’il s’agisse d’aider la recherche médicale, les Restaurants de coeur ou l’enfance en difficulté, le geste du donateur occupe une position intermédiaire entre deux autres modes d’expression de la générosité. Ce n’est pas une libéralité à l’égard d’un proche, motivée par des liens affectifs directs. Ce n’est pas non plus la contribution à un « pot commun » à vocation indéterminée, un devoir dont on s’acquitte au profit d’une entité abstraite. Le don à une cause identifiée est un signe de solidarité avec un groupe dont on peut imaginer, voire partager, les difficultés. L’importance de ce type de dons est sans doute une des mesures de ce que le sociologue Robert Putnam appelle le « capital social » d’une nation.
Favilla – Les Echos – 10/12/2009 – p. 12