Derrière la communication planétaire ultra-rapide, on voit apparaître de nouveaux conditionnements. La rapidité des échanges domine la vie sociale. Elle privilégie le réflexe conditionné au détriment de la réflexion. Le temps de la réflexion et la liberté de choix sont affaiblis par les exigences de réponses immédiates quasi simultanées.
On estime qu’une image vaut mieux qu’un long discours. L’image produit un effet de sidération : elle saisit, quand la langue exige d’être interprétée, analysée. L’écran entre désormais en concurrence avec l’écrit. Paul Virilio – Entretien avec Les Etudes n°4102- fev.2009
What is required is a new declaration of independence, not just in our nation, but in our own lives – from ideology and small thinking, prejudice and bigotry – an appeal not to our easy instincts but to our better angels.
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Let’s build a government that is responsible to the people, and accept our own responsibilities as citizens to hold our government accountable. Obama’s speech at Philadelphia 17 jan 2009
Si la peinture est chose mentale, écrivait Léonard, c’est qu’elle offre la liberté de devenir visionnaire, au hasard de taches sur un mur ou de nuages dans le ciel, qui deviennent des cheveaux au galop, une baie sur la mer. L’image électrique, elle, nous met en hypnose, nous transforme en de simples conducteurs, les ondes ont isolé nos rétines et notre corps tout entier, nous sommes ce mardi, les victimes venues et à venir. Luc Lang – 11 septembre mon amour – p. 245 – Ed. Stock 2003
Il faudrait donc poser en axiome que la véritable mesure du connaître et du faire est donnée par le souci de la relation. Si celle-ci vient à manquer, la connaissance et la praxis s’emballent, créent l’isolement, l’hostilité et, même dans leur propre domaine, se faussent. Ghislain Lafont – Les Etudes n°4101, p.76 – 2009
Tous les enfants savent qu’il y a deux façons de jouer aux dominos : soit on dresse les pièces en un équilibre instable et on s’amuse à déstabiliser le premier domino pour le voir entraîner dans sa chute successivement tous les autres, soit on ajuste bien sagement les pièces en fonction du nombre de petits points noirs sur chaque demi face. De même, deux types de solidarité se sont manifestés dans la crise financière : d’abord une solidarité du marché (systémique disent les gens savants) où chacun est entraîné malgré lui dans la chute, solidarité non voulue qui a provoqué ensuite une solidarité voulue, organisée (organique disent les sociologues) rationnelle comme les ajustements des points noirs chiffrés. Etienne Perrot – Les Etudes – n°4101 – p.21 – jan. 2009
Les médecins sont encore étonnamment muets dans la bataille d’idées qui oppose les gardiens d’une médecine socialisée dépassée à ceux qui se battent pour une société plus libre.
Les avancées, scientifiques, thérapeutiques et démocratiques, sont des chances inouïes que nous risquons de gâcher par faiblesse et ignorance politique. Au lieu de permettre à notre système de santé d’opérer les ajustements nécessaires à l’accompagnement de ces transformations, les réformes proposées ces dernières années accroissent son délabrement. L’écart entre l’image du système de santé français comme symbole de réussite mondiale et la réalité devient chaque jour un gouffre plus béant. Les inégalités devant la santé, en termes d’espérance comme de qualité de vie, ne cessent de croître. Jean-Marie Le Guen – Les Echos – 10/11/08 p. 13 – Idées
… les intellectuels sont devenus des spécialistes des symptômes, des médecins qui font des diagnostics, qui déplorent et jouent les oracles, mais ne soignent pas. On les interroge, on les cite, mais ils sont priés de ne proposer aucun remède ! Ils sont là pour dire que la société est malade…
[…] Jacques Rancière – Entretien – Télérama n°3074 – Dec 2008
Je n’aime pas le discours de la crise. Non seulement c’est devenu un concept global – les démocraties sont en crise, l’art est en crise, etc. – , mais il interprète toute situation sur le mode médical.
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Il n’y a pas de crise de la démocratie, mais un déficit de démocratie, ce n’est pas la même chose ! Il faut sortir de ces explications et mettre en valeur, partout, ce qui s’invente comme formes de vie, comme création, comme discours. Jacques Rancière – Entretien – Télérama n°3074 – Dec 2008