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Dans l’Apocalypse,(*) face au chercheur qui parle, qui prend le temps de réfléchir, chaque téléspectateur peut exercer son esprit critique. Tous les intervenants sont des hommes d’une érudition incontestable, mais capables d’exprimer leurs doutes. Or, le code télévisuel en vigueur aujourd’hui congédie systématiquement le silence ou le doute pour rechercher les avis péremptoires et des certitudes.
(*) Série en 12 épisodes sur ARTE du 3 au 20/12/08
Gérard Mordillat – Interviewé par Gilles Heuré – Télérama n°3072 11/2008

Je trouve dramatique l’incapacité où nous sommes, depuis cinquante ans, de repenser l’école. Comment ne pas avoir compris que la question essentielle n’est plus désormais de communiquer des savoirs aux élèves, mais de leur “enseigner” la curiosité et les méthodes ?
Edgard Pisani – Le sens de l’Etat – p.124 – Ed. de l’aube – Seuil 2008

L’assignation de la vieillesse au statut de “risque” pose abruptement la question du sens de la vie, et interroge notre désir de vivre. […] Pour oublier le temps, on considère le “vieux en soi”, comme s’il l’avait toujours été, comme s’il était né vieux – ce qui nous dispenserait de la vieillesse, nous autres qui sommes né jeunes. Seulement voilà on ne nait pas vieux, on le devient… […] A l’heure du quantifiable, le vieux, qui n’est que dans le qualitatif, est toujours perdant à la mesure…

Nathalie Guérin – Les vieux, le réel et la vie – Etudes n°4095 p.522 – 2008

Il est symptomatique de la pensée unique qu’elle soit arrivée à se maintenir dans chaque pays, indépendante de celle des autres, dans un contexte de libre circulation de l’information, A l’heure des satellites, de la transmission instantanée des images et des sons, les concepts sont sagement restés prisonniers des langues et des cultures nationales.
Emmanuel Todd – L’illusion économique – p. 298 – Ed. Folio 1999

Nous ne pourrons plus vivre dans un univers sans image. A chaque instant de notre vie, en toute circonstance, cette substance virtuelle vient s’ancrer dans notre tréfonds. A chaque instant, le présent se transforme en passé, fixe les repères de cette métamorphose. Notre vie, nos gestes sont capturés par le regard mécanique des caméras, dans les magasins, les banques, sur les routes, dans les chambres des hôpitaux. Quelques peuples dans le monde résistent encore, pour combien de temps ?
J.M.G. Le Clézio – Ballaciner p.102 – Ed. NRF Gallimard 2007.

La société de la connaissance a radicalement transformé l’idée de savoir, à tel point qu’il conviendrait mieux de l’appeler société de la méconnaissance – une société toujours plus consciente de son non-savoir et qui progresse moins en accroissant ses connaissances qu’en apprenant à gérer la méconnaissance dans toutes ses manifestations : insécurité, vraisemblance, risque et incertitude.
Daniel Innerarity – El Pais – traduit par CI n° 937 p.43 – Oct. 2008

Avec la volonté qui se répand de conjuguer impact social et performance économique, la quête de sens dans leur travail/carrière de beaucoup de salariés, l’urgence accrue des problèmes de la société, il est temps d’adopter la notion de « retour sur investissement social ». Ce fameux « point de croissance » qui nous manque pourrait bien d’ailleurs se trouver dans le secteur de l’entrepreneuriat social !
Arnaud Mourot – Les Echos – 3/10/08 – p.23

Coloniser l’espèce, c’est coloniser la mort: c’est le triomphe de l’individualité, sa possibilité infinie. C’est bien pourquoi les perspectives de développement scientifique ne comportent pas seulement une tendance à grignoter progressivement la mort, mais une tendance à révolutionner l’homme dans sa nature même.
Edgar Morin, L’Homme et la mort, Seuil, coll. Points, 2002, p. 348.

Le mot a malheureusement deux sens en français : il désigne la légitimité (les douaniers sont compétents pour vérifier les marchandises aux frontières) et le savoir-faire (un médecin compétent). Bon nombre d’institutions et d’agences françaises ont assurément la légitimité, décidée en Conseil des Ministres, mais cela ne leur donne pas le savoir-faire pour autant. En matière de sciences, la compétence ne s’acquiert que par la recherche.
Bernard Beauzamy – La lettre de la SCM – n°43 – Sept. 2008

Car, sans une éducation en profondeur aux humanités du grand nombre des opérateurs financiers et boursiers – qui en sont aujourd’hui pour la plupart dépourvus -, le cercle de l’irresponsabilité ne peut que se perpétuer en direction de ce qui adviendra comme une tragédie pour tous.
François de Bernard – Triomphe de l’irresponsabilité boursière – La Tribune – 23/09/2008 – p 32

Dans un problème, on pense toujours que d’un côté, il y a le problème et de l’autre, la solution. Eh bien, la problématique, c’est de voir s’inscrire la solution dans les termes même du problème. La solution ou la non-solution n’est pas externe au problème, elle en est partie prenante.
Serge Airaudi – Le philosophe à la rescousse – Entretiens – Autrement n°100 : Le Culte de l’entreprise p. 218 – Sept. 1988