De quoi Facebook est-il le nom ? De l’avènement d’une société qui est l’image inversée de celle que le réseau social prétend promouvoir. Non pas une société de l’échange démocratique, où les individus échangeraient au sein d’une agora virtuelle des arguments opposés, mais une société où s’accentuent les antagonismes et s’accusent les différences dans une juxtaposition d’espaces cloisonnés ; non pas une société du libre partage de l’information mais de l’exploitation commerciale des données que nous livrons chaque fois que nous visitons Facebook. Benjamin Hoffmann – De quoi Facebook est-il le nom? – April 19th, 2017 – Paris Innovation Review
Sauf si le but de l’influence est de libérer. Il me semble que la devise de tout parent, de tout professeur devrait être « Libérer sans désinsérer ». Ne pas viser à une absurde liberté qui consisterait à avoir une identité hors société, mais faire prendre conscience à l’autre de ses multiples appartenances pour qu’il puisse prendre à leur égard une distance critique. Une telle distance lui permettrait de mieux comprendre les appartenances d’autrui. Alfred Grosser – Libérer sans désintégrer – La Croix, 20 février 2017
C’est un des paradoxes d’Internet. L’instrument qui ouvre la porte de tous les savoirs peut être aussi un puissant facteur d’enfermement. L’écran de l’ordinateur ou du téléphone cesse alors d’être une fenêtre sur le monde et devient quelque chose qui nous dissimule une partie de la réalité. Guillaume Joubert – Internet, l’effet bulle – La Croix, mardi 27 décembre 2016
Le concept de sécurité se situe à l’interface du désir et de la loi ou de la nature et de l’artifice : il désigne tout à la fois un état intérieur auquel on aspire et une garantie qui vient du dehors. Ce statut ambigu explique pourquoi l’individu qui désire la sécurité devient aussi facilement un sujet qui répond à l’interpellation des institutions censées la lui garantir. Michaël Foessel – Etat de vigilance Critique de la banalité sécuritaire – Postface p. 163 – Ed. Points Essais 2010, 2016
La culture de l’erreur protège du sentiment de l’échec. Chaque élève effrayé par les sciences devrait apprendre que le savant est d’abord quelqu’un qui sait se tromper, que le progrès scientifique n’est rien d’autre, comme l’explique Bachelard, qu’une succession de rectifications. Charles Pepin – Les vertus de l’échec – p.34 – Allard Editions 2016
[Crawford] invite à une éthique et à une écologie de l’attention, qui l’a considèrent comme notre bien le plus intime, fragile capacité quotidienne à donner du sens à notre vie, mais aussi comme un ressort du civisme (attention à l’autre), un bien commun à préserver, comme le silence, ingrédient essentiel du travail sur soi. Dalibor Frioux – Pour une éthique de l’attention – Les Etudes n°4229 p.92 Juillet 2016
Si les nouveaux modes de communication permettent sans conteste d’élargir les réseaux de sociabilité, ils s’accompagnent également d’un risque d’appauvrissement de l’échange. Exposer ses problèmes ou son mal de vivre, être à l’écoute, donner des conseils… exigent des modes de communication longs, qui impliquent totalement les protagonistes. Philippe Moati – La société malade de l’hyperconsommation – p 157 – E. Odile Jacob – mai 2016
On voit combien l’estime de soi relève de la relation, et particulièrement de la confiance. Pouvoir compter sur autrui est une capacité essentielle qui rend possible la confiance. C’est une capacité qui appelle la réciprocité: en effet, ce n’est pas simplement la personne vulnérable qui devrait compter sur l’aidant; c’est tout aussi bien l’aidant qui doit faire effort de s’appuyer sur ce que peut l’autre, et s’en faire le témoin. Cette dimension relationnelle de l’estime de soi est appelée par Ricœur la sollicitude, « où le recevoir s’égale au donner ». Agata ZIELINSKI – être chez soi, être soi – Les Etudes – p.65 – Juin 2015
Soit une entreprise française de 100 personnes. Selon l’Agence, chacun de ses salariés reçoit en moyenne 58 courriels par jour et en envoie 33. « L’envoi de 33 courriels d’un mégaoctet (2) à deux destinataires par jour et par personne génère des émissions équivalentes à 180 kg de CO2, ce qui équivaut à plus de 1 000 km parcourus en voiture. » Les cent salariés de l’entreprise lâchent donc tous les jours dans l’atmosphère l’équivalent de plus de 100 000 km en voiture.
[…]
Multiplier par dix le nombre de destinataires d’un message multiplie son impact climatique par quatre. Sélectionnons les destinataires. Ne répondons pas systématiquement « à tous ». Laurence Cossé, Internet, qui chauffe et qui fume – La Croix 15/6/2016
“L’attention, bien sûr, est la chose la plus personnelle qui soit : en temps normal, nous sommes responsables de notre aptitude à la concentration, et c’est nous qui choisissons ce à quoi nous souhaitons prêter attention. Mais l’attention est aussi une ressource, comme l’air que nous respirons, ou l’eau que nous buvons. Leur disponibilité généralisée est au fondement de toutes nos activités. De même, le silence, qui nous rend possible l’attention et la concentration, est ce qui nous permet de penser. Or tout le monde actuel privatise cette ressource, ou la confisque.” La solution ? Faire de l’attention et du silence, des biens communs. Et revendiquer le droit à “ne pas être interpellé”… Propos de Matthew Crawford recueillis par Weronika Zarachowicz – Télérama 3451 02/03/16 p. 43
Je suis triste de me dire que je ne me demanderai plus jamais quand son prochain livre sortira. Heureusement, il reste cette phrase qui n’a jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui pour moi: «Celui qui ne lit pas aura vécu une seule vie. Celui qui lit aura vécu cinq mille ans. La lecture est une immortalité en sens inverse.» Ondine Benetier – Slate – Umberto Eco m’a appris à lire – 20/02/2016
Umberto Eco ne manquait donc pas d’exprimer son malaise. Et à coup de formules choc. C’est bien lui qui, en 2015, a parlé d’«invasion des imbéciles» pour qualifier les réseaux sociaux:
«Ils ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel.» Daphnée Leportois – Slate – CultureTech & internet – 20.02.2016
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