Depuis, le public a tranché. Les partisans du journalisme de tous pour tous avaient oublié une contrainte de base, le temps. Personne ne peut passer 24 heures par jour à consulter les milliers de sites qui diffusent souvent des informations hasardeuses ou insignifiantes. Antoine de Tarlé – Journaux et Internet – Etudes n° 4203 – p.46 Mars 2014
Tout le monde veut un téléphone portable, personne ne veut d’antenne relais; tout le monde veut de l’électricité, personne ne veut de ligne à haute tension. personne ne veut du nucléaire… ni payer son électricité trop cher. Quel plus grand conflit d’intérêts que celui de ces riverains à qui on demande de se prononcer sur l’utilité collective d’infrastructures qui perturbent leur environnement ? Gerald Bronner – Entretien – L’Express n° 3267 – p.15 12/2/2014
Mais là où Descartes séparait bien physique et métaphysique, notre temps est allé plus loin. Il encourage une lecture immanente de la nature qui révèle une véritable fascination pour le fait naturel. A un matérialisme de méthode – celui de l’esprit scientifique – il adjoint un matérialisme de principe. Jean-Philippe PIERRON – Insolite ou insolente idée de nature ? Les Etudes n°4202 – p. 63 – Février 2014
Pour être libre, faudra-t-il vivre déconnectés ? Se contenter du réel au détriment du virtuel ? Écrire à la main des courriers sur du papier ? Partir à la recherche d’une cabine téléphonique ? Tout payer en liquide ? En un mot, abdiquer nos nouvelles addictions numériques, si pratiques et confortables ?
À tout le moins, garder les pieds sur terre consistera à renouveler notre attention sur l’incarnation. Envisager des relations, des actes, des décisions fondées sur la réalité, et pas seulement sur des statistiques certes massives, mais si désincarnées. Frédéric Mounier – Mes traces et moi – La Croix p.13 – 21/1/2014
(Alain Rey, 7/12/02, page 188 – A mots découverts, Laffont, 2006)
La santé, elle, n’est pas une idée neuve : on en parle, on en rêve sous ce nom, en français, depuis le XIIe siècle. Il serait triste que, servie par une technique et des savoirs en immense progrès, par des professionnels de plus en plus compétents, elle soit freinée et menacée par les contraintes budgétaires. Une des questions les plus révélatrices de l’état d’un pays est bien : « Alors, comment ça va, la santé ? »
Paradoxalement, ce sont des attaques-suicides par des avions de ligne pilotés et chargés de passagers qui auront suscité, en réaction, l’essor de l’avion armé inhabité. Paradoxe significatif de l’asymétrie des projets qui s’affrontent: la volonté hallucinée de l’homme désarmé face à la technologie désincarnée. Patrice Sartre – p. 448 – Les Etudes n°4195 Novembre 2013
Voilà pourquoi les chercheurs parlent d’une “écologie des machines”. Parce que ces pratiques de trading informatique ne sont pas séparées de notre monde, parce que nous avons créé un système écologique qui lie les machines entre elles et nous lie aux machines. Parce chaque participant à ce système, chaque producteur d’algorithme financier est comme un pollueur : à son échelle, il ne cause pas grand mal, mais l’accumulation est potentiellement désastreuse. Xavier de la Porte citant InternetActu.net au cours de l’émission Place de la Toile sur Droits et Numérique. 12/10/2013
Le devoir de mémoire dont on nous rebattu les oreilles, est au service de l’idéologie. Je veux, absolument, lui opposer le droit à l’oubli. Simon-Daniel Kipman – L’oubli et ses vertus p. 113 – Ed. Albain Michel 2013
(Gilles Johanet dans Sécurité Sociale : L’échec et le défi – Seuil 1998 pages 16 & 48)
En cinquante ans, le taux de cotisation d’assurance maladie a été multiplié par plus de deux (de 10,5% sur une partie du salaire plafonnée à 19,6% sur toute le salaire). […] Le remboursement des soins de ville est passé de 80% à 65%.
Grandes ou petites, les réformes échouent et même aggravent la situation parce que, limitées à un élément de la chaîne des soins qu’elles mettent sous pression, elles déportent les dérapages sur les autres éléments du système.
Pourtant, il n’en fut pas toujours ainsi. Au contraire, les façons de se représenter l’opposition entre travail et non-travail sont sans doute ce qui a le plus profondément changé au cours de l’histoire.
Pour les Anciens, c’est le « non-travail » qui est premier, naturel et normal. Les Romains appellent « otium » cet état que nous sommes, en fait, bien embarrassés de nommer en français. Ce n’est pas l’oisiveté, qui est pour nous péjorative, ni le loisir, qui implique une activité organisée afin de se distraire. Roger-Pol Droit – Mirages et réalité des vacances – 5/7/2012 – Les Echos
L’énorme volume d’informations générées par les journalistes professionnels ou citoyens, des tweets aux blogs ou que sais-je encore, ne peut qu’entraîner un échec. C’est un tsunami d’informations, qu’on ne peut quasiment pas traiter. Nous n’avons pas besoin de plus d’informations, nous avons besoin de plus de sens… Il faut beaucoup ralentir pour comprendre comment les grandes histoires globales contemporaines, comme le changement climatique, les conflits, la pauvreté, ou les migrations de masse se retrouvent interconnectées Paul Salopek cité dans Article Tyrannie du présent – Internet Actu