idée-s

Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
idée-s
Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
publiées sur
https://www.idee-s.info

12 septembre 2006

Dossier médical : le dessous des cartes (le médicament) (https://www.idee-s.info/46/dossier-medical-le-dessous-des-cartes-le-medicament/)

Cet article est classé dans Analyses, Santé — Auteur/autrice :

Le médicament: objet cybernétique ? composé informationnel ? cybercament ?
Le médicament n’est-il que cette pilule, ce cachet, cette gélule ou ce sirop ? Pas sûr !

Dès le premier survol, on observe que la molécule n’est pas seule et que tout au long de son parcours (de sa création à son utilisation), elle est accompagnée, suivie, traçée.

Le médicament: objet cybernétique ? composé informationnel ? cybercament ?
Le médicament n’est-il que cette pilule, ce cachet, cette gélule ou ce sirop ? Pas sûr !

Dès le premier survol, on observe que la molécule n’est pas seule et que tout au long de son parcours (de sa création à son utilisation), elle est accompagnée, suivie, traçée par une multitude d’informations plus ou moins visibles.

Dans la suite des épisodes précédents (ép. 1ép. 2), ici, le médicament, en tant qu’objet concret, est en quelque sorte le petit caillou blanc qui nous permet de nous promener dans la Santé et les nombreux échanges dont on peut garder la trace dans le dossier médical. Avant de rentrer dans les détails, examinons ce schéma :

Le médicament au quotidien en 5 étapes

Diapo Circuit 1
Figure 1: Le village ProfSanté et le médicament : Dans la cité décrite dans les épisodes précédents, les 5 étapes clés du trajet d'un médicament.

Au travers d’une situation courante: La matérialité de la livraison de la gélule (2) enclanchée par la prescription par le médecin (1) est entourée dans un réseau d’une multitude d’échanges d’informations (3,5) notamment vers et en provenance des organismes de santé et de tutelles. L’infirmière (4) peut selon les circonstances assister le malade dans la prise du médicament.
D’un seul coup d’oeil, on note que Tous les types de professionnels de santé, que le patient-citoyen ainsi que les autorités sociales et l’Etat sont concernés. On est donc très loin du chamane local qui, par expérience et tradition, donne une tisane à son patient sur la base de feuilles de plante ramassée dans son jardin. Dans ce dernier cas, il y a transmission orale (parfois transcrite par écrit) et dialogue simple avec son patient. Au XXIe siècle, on plonge d’emblée dans des dimensions quasi-planétaires.

Les échanges

Sans être exhaustif, voici les échanges d’information associés à cette gélule dans le contexte courant de la médecine de ville (l’hôpital présente des particularités non exposées ici) :

Diapo Circuit 2
Figure 2: Les flux principaux d'information autour du médicament.
– le médecin écrit l’ordonnance sur la base d’informations données par son dictionnaire pharmaceutique (mis à jour en temps réel) consulté sur son ordinateur et d’un avis demandé à un confrère spécialiste. Il explique à son patient pourquoi, quand et comment absorber cette gélule.
– le patient donne son ordonnance au pharmacien pour recevoir sa boite de pilules. Le pharmacien vérifie et s’interroge si la prescription est compatible avec d’autres auto-médicaments qu’il connait de son client. Il lui rappelle quelques conseils pour ingérer cette gélule.
– L’ordonnance est transmise électroniquement aux organismes sociaux pour obtenir son remboursement / paiement.
– La boite contient non seulement des gélules mais une feuille de papier bourrée d’information avec une foule de mises en garde consécutives de son autorisation de mise sur le marché qui laisse un peu perplexe le malade.
– Si celui-ci est en incapacité, alors il faudra ajouter les échanges avec la personne qui aura été à la pharmacie et l’infirmière qui a pour mission quotidiennement de s’assurer de la bonne administration de cette gélule.
– Le laboratoire de biologie en fonction du prélèvement sanguin indique dans son résultat la fourchette de doses possibles pour ce médicament.

Avant la mise sur le marché


Que s’est-il passé pour cette molécule devenue gélule avant son arrivée dans la pharmacie où il sera autorisé de la vendre ?
Par analogie et criblage (screening), virtuelle, elle est peut-être née sur l’écran de l’ordinateur d’un chimiste ou réelle, isolée à partir d’un végétal trouvé au fin fond de l’Amazonie à la suite de l’interrogatoire d’un explorateur européen ? Un (ou des) brevet(s) sera déposé pour protéger l’invention.
Au cours des longues années qui précèdent sa mise sur le marché, la molécule sera accompagnée à toutes ses étapes : – laboratoire – essais cellulaires – essais animaux – essais humains – homologations – … (plus de précisions par le LEEM)
Du cahier de paillasse, aux observations recueillies lors des essais, comme en aéronautique ou en agro-alimentaire, l’enjeu de ces informations est essentiel et suivi dans une démarche dite du PLM (product life management) où tout ce qui peut s’écrire, s’écrit et est gardé en mémoire. Une masse de données est alors transmise aux autorités européennes qui vont autoriser son utilisation…
Une fois, autorisée, va se déclancher une campagne d’information pour faire connaître la gélule auprès des prescripteurs voire des patients. L’information sera dès lors marketing et formation vers les professionnels via les documents, les manifestations (congrès) et les visites médicales.

Questions ?


Et sans toutes ces informations, sortie de la nasse des échanges inhérents à son usage, cette gélule serait toute perdue dans le cyberespace de notre siècle. D’où cette assertion courante: nous sommes dans une société de communication… mais quels sont les traits caractéristiques de ses réseaux d’échange aujourd’hui ?
Est-il possible de situer ces informations et leur flux dans le dossier médical et les projets nationaux ? Il suffit de rencontrer un responsable des systèmes d’information dans un établissement hospitalier pour percevoir les difficultés qui résultent d’une complexité mal architecturée, mal organisée. Aujourd’hui, pas moins d’une demi-douzaine d’applications informatiques sont concernées dans son établissement ! On y reviendra prochainement.

En « géographe » lors de ce premier survol, nous avons surtout suivi la vie du médicament dans son trajet et au travers des informations qui le suivent. Par contre, on n’a pas évoqué « le médicament qui parle » :
Depuis l’origine de la médecine, on sait que le remède englobe le médicament ET la parole qui l’accompagne pendant le colloque singulier entre le médecin et son malade. Le pharmacien a aussi son rôle dans le dialogue qu’il établit avec son client et les conseils qu’il prodigue. Bientôt, nous poserons notre regard sur les deux angles de vue qui parfois s’opposent : celui de la relation de confiance et celui de l’approche système ; le premier au coeur de la relation de soins, l’autre sous-jacent à l’approche d’une population par un Etat.

Michel S. 10/9/2006

Prochains épisodes du “Dossier médical: le dessous des cartes »:
– Choix de la typologie du dossier médical et impacts sur l’approche projet.

Cette contribution fait partie de la série : Dossier médical

  1. Dossier médical: le dessous des cartes
  2. Dossier médical: le dessous des cartes (suite)
  3. Au dessus de la carte
  4. Dossier médical : le dessous des cartes (le médicament)

imprimerimprimer 

Aucun commentaire »

Laissez un commentaire