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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
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12 février 2007

DMP : les plumes et le masquage (https://www.idee-s.info/93/dmp-les-plumes-et-le-masquage/)

Cet article est classé dans Actual-idée, Humeurs, Santé — Auteur/autrice :

Les deux auteurs s’opposent l’un à l’autre sur la légitimité du DMP dès le choix du titre de leur texte :
– La mise en place du dossier médical personnalisé sauvera des vies.
– Le but réel du projet est de contrôler les malades et les médecins.

Quasiment publiés le même jour, trois documents sont là sur mon bureau :

Deux articles mis en face à face dans la rubrique « débats et opinions » du Figaro du jeudi 1 février 2007 et le rapport du député Pierre Louis Fagniez sur le « masquage d’informations par le patient dans son DMP » du 30/1/2007.
Les deux auteurs s’opposent l’un à l’autre sur la légitimité du DMP dès le choix du titre de leur texte :

– La mise en place du dossier médical personnalisé (1) sauvera des vies.

– Le but réel du projet est de contrôler les malades et les médecins.

Le professeur de médecine Albert Claude Benhamou qui, mandaté par le ministre de la Santé, a animé le colloque « DMP, éthique et confiance » (4/12/2006) utilise une série d’arguments pour soutenir le projet DMP qui « sauvera des vies »
– 35000 dossiers, – (ces chiffres sont-ils un argument face au futur 60 millions de français ?)
– avance technologique
– pas de plaintes, – (l'expérimentation a duré 6 mois - un dossier médical doit être actuellement conservé 30 ans)
– regrets d’un arrêt par les participants de l’expérimentation, – (que serait une expérimentation si mal menée ou aux résultats peu probants si elle ne peut dès lors être arrêtée ?)
Il est difficile de ne pas y voir une argutie proche de l’incantation…. « le DMP était devenu un impératif éthique », « tout retard sera responsable de morts, de blessures,… », « La course contre la montre est lancée… »

Le professeur de médecine François Guérin président de l’AMDDDM (association médicale de défense de la déontologie et droits des patients) rappelle son « opposition absolue à la création de ce DMP » et que « le principe même d’un dossier informatisé […] doit être abandonné. »
« Le secret médical se trouverait gravement menacé par son utilisation… ». Il appuie son argumentaire sur la fragilité de la sécurité informatique, le piratage et la disparition de l’indépendance professionnelle corollaire de celle du colloque singulier.

Cette opposition (et disparité) entre les deux visions semble insurmontable à concilier ou infructueuse pour progresser. Et si, pour sortir du médicalement correct, il était nécessaire d’aller plus loin, plus profond pour aborder la complexité d’un tel projet et comprendre les ressorts de telles prises de position.

La conclusion du rapport parlementaire donne quelques pistes à prendre en compte. En effet, elle remet au centre la relation entre le patient et son médecin traitant et tous les PS qui concourent à la coordination des soins. Mais cela invite aussi à se questionner aussi l’architecture du DMP retenu : Le modèle choisi pour organiser le DMP (centralisé par des hébergeurs privés) répond-il aux objectifs attendus ? (voir les dessous du masquage) . La façon de le déployer « politiquement » sans tenir compte de l’organisation des établissements de santé et de l’état de l’informatisation au sein de ceux-ci ne se rapproche telle pas de celle d’un batisseur qui omet d’étudier les fondations. Ces dernières sont ici en médecine la qualité de la communication entre les PS et les moyens disponibles mis à disposition pour faciliter les échanges.

Car qu’est-ce qui sauve et sauvera des vies, c’est la médecine prise dans son ensemble tout en restant centré sur le colloque singulier entre le PS et son patient. Si l’on suppose que chaque PS est au top de sa compétence, il sait faire appel aux autres pour ce qui sort de la sienne. L’informatisation « communiquante » va compléter les moyens actuelles des échanges tout en respectant la « bulle du colloque singulier ».

Que l’on y soit favorable, que l’on y soit contre, on ne peut pas faire abstraction des outils, systèmes, organisations et de leurs rapports aux technologies retenues. En d’autres termes, ce n’est pas dans l’abstrait que l’on peut prendre position dans un projet de mise en réseau (réseautage) de l’information de santé (voir la série « dessous des cartes« ) comme l’indiquait les auteurs québecois de ce texte repris dans la chronique « Jeu d’idées« .

Lyon, le 12/2/2007
Michel S.

(1) le titre du Figaro n’emploie pas le terme « personnel » habituellement attribué au P de DMP.

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