jeudi 28 mai 2009
Désormais, où que nous soyons, quoi que nous fassions, nous voilà calculés et ciblés, de manière neutre, distante, mais parfaitement ajustée.[…]
Ce qu’on oublie, si l’on a le regard exclusivement fixé sur les chiffres, c’est la réalité vécue, qui ne coïncide jamais, en fait, avec les statistiques. Le taux de suicide est stable, fort bien.Cela ne dit rien de la personne qui, tout à l’heure, mettra fin à ses jours. Les statistiques de l’emploi sont mauvaises, voilà qui est préoccupant. Pour celui qui ne sait pas comment nourrir ses enfants la semaine prochaine, le drame est pourtant unique. Les statistiques dessinent un monde. Les personnes vivent dans un autre. Voilà une évidence à ne pas oublier. Sinon, on perd en humanité ce qu’on gagne en savoir.
Roger-Pol Droit – Les Echos – p.15 – 27/5/2009