La techno-genèse. Être ? Y a-t-il une consistance entre la subsistance et le désistement ?
L’origine de l’Homme est sans doute dans cette lente émergence de la Vie. Il y a 4 millions d’années dans le règne animal apparaissait l’Australopithèque, Quatre millions d’années de sélection, d’adaptation, d’élimination, de mutation, de complexification, puis l’acculturation technologique prenant le relais du Biologique, l’Homo-sapiens émerge d’un monde hostile qu’il conviendra de domestiquer, là est le commencement.
L’Homme naissant que Plantu campe et qu’il dote d’une fière assurance, d’une auto-satisfaction plastronnante (dont il ne se départira pas au long de ces 6 époques, tant cette vanité est ontologique ! ). En cette première époque, pour cet Homme, il faut d’ abord SUBSISTER, la technique lui fournit ses premières prothèses : le feu, le vêtement, l’outil et l’arme.
La 2ème époque fut celle des découvertes, des inventions mues par une curiosité du monde et une avidité de connaissance insatiables, Il se doit d’ INSISTER dans sa quête, son questionnement du monde.
En cette 3ème époque riche de sa science il peut enfin PERSISTER dans sa création technique (et dans son auto-satisfaction ! ) et la consacrer à l’individu, à son autonomie, sa liberté, son bien-être…son bonheur.
Au 20ème siècle, après deux guerres qui ont mobilisé et dynamisé toute la Science et la Technique en un révolution électronique, électromagnétique, calculatrice, numérique, biologique, nucléaire,.. et ouvert des champs nouveaux tels la conquête de l’espace et l’intelligence artificielle. Tout se passe (époques 4 et 5) comme si l’humanité, ne pouvant RÉSISTER à cette pression de la techno-science, se résignait à ASSISTER à son spectacle entre ces deux extrêmes de la conquête spatiale et de l’ordinateur personnel.
Pointant la complexité de l’Histoire et de l’Évolution le philosophe Bernard Stiegler prétend que l’Homme CONSISTE plus qu’il n’EXISTE . Hélas dans l’époque 6, Plantu nous montre l’Homme qui renonce « à être » par une sorte de mimétisme servile, la confusion des mémoires, une intégration à la machine, un homme qui se DÉSISTE, sans être conscient de sa démission car il conserve sa suffisance et sa posture satisfaite.
Gilbert François – Oct. 2007