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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
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Contributions sur les systèmes d’information et le réseautage dans la Santé.
publiées sur
https://www.idee-s.info

8 juin 2006

Les SENS du sigle. (https://www.idee-s.info/34/les-sens-du-sigle/)

Cet article est classé dans Analyses, Non classé — Auteur/autrice :

Un SDF de PACA sous RMI hors DMP et DCC est dcd du SRAS à l’arrivée à l’UPATOU. L’HAS et l’ARH ont reçu le SOS de l’IDE par GSM car la RAM de son PC était HS….

Toute langue, tout langage obéit, entre autres, à une loi économique, d’efficacité et de rendement qui impose que le rapport : signifié/signifiant ou sens/expression (orale ou écrite) soit le plus grand possible. Si on considère que le numérateur est une donnée invariable, il convient d’agir sur le dénominateur donc de le réduire. On peut quantifier l’expression par sa durée, voire par le coût de sa « communication ». Ainsi s’explique le recours au lapidaire SMS qui se doit d’être le plus court, le plus concis, vite écrit, transmis et lu. Et bien sûr le volume d’encre, la surface du papier, le nombre de bits et de pixels, relèvent de cette quantification comme la loi du moindre effort ! En 1970 Robert Beauvais dans « L’hexagonal tel qu’on le parle » stigmatisait « ces mots plus gros que les choses » (mauvais rendement). La langue anglaise est plus efficace (de ce point de vue) que la Française, un texte en Anglais est toujours plus court que sa traduction française. L’Américain parlé devient de plus en plus monosyllabique, ramassant le sens autour de la syllabe tonique, certains mots semblent aboyés ! En Français on conseille de préférer le mot le plus expressif à la périphrase dont Hugo (Les Contemplations) disait, paradoxalement, qu’il en avait tordu la spirale.
Quand le Français a émergé du Latin il a transformé des dissylabes en monosyllabes et des trisyllabes en dissyllabes, Toujours au nom de l’économie, au cours des siècles il a utilisé maints procédés pour « faire plus court » : réduction, abréviation, contraction, diminutif, mot-valise, .. et la siglaison !
La siglaison procède de la « réduction » graphique et phonétique dans la mesure où elle assure la présence des constituants d’un groupe de mots soit par la première lettre de chaque constituant, soit par une fraction syllabique (acronyme). Dans son principe le sigle, qui est d’origine Romaine, est d’abord graphique. Chaque lettre recevant l’appui d’une voyelle, est prononcée et constitue par conséquent une syllabe et le sigle, un mot (SOS, CPAM, CNRS, CNIL, DMP,..) dont le genre est le plus souvent celui du premier constituant. Parfois ce mot devient base susceptible d’affixation (faxer, refaxer, smicard, énarque,..). Manifestement cette tendance à la siglaison s’est accélérée sous l’influence de « l’Anglo-Américain industriel et commercial » dès le début du 20 ème siècle puis avec l’avènement de l’informatique, de la Toile et de la mondialisation. De toute évidence le domaine qui intéresse « Idée-s », celui de la Santé, de la Protection sociale et de l’individu, de la transversalité et des Nouvelles Technologies, sans doute aussi héritier d’une longue tradition savante, jargonnante (voire hermétique) est un lieu privilégié de la siglaison. Ne tenant qu’à une lettre, ayant rompu tout lien avec sa source, le sigle est de grande ambiguïté, ce qui explique tous les détournements dont il peut faire l’objet, et la nécessité pour le décoder de le rapporter à son contexte. On peut voir à ce propos l’article « Une brève histoire du dossier patient informatisé à la française« , où Renaud nous montre que l’ambiguïté du sigle peut être instrumentalisée. Il y a, dans le sigle, comme un « trait ». Grâce à son économie graphique, il se trace rapidement, pointe, désigne, marque et souligne. On le graffite, on le tague ou on le dessine d’une main appliquée et précieuse. Grâce à son économie phonique qui ne garde que le saillant des initiales on l’épèle en scansion d’éléments caractéristiques, de traits distinctifs. Grâce à son ambiguïté il peut devenir sarcasme ou trait d’esprit.

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